11 novembre 2018
La bonne étoile
Tu regardes toujours à la fenêtre avant de te coucher car ce que tu vois dehors dans le halo du dernier réverbère est ta vie
Dans ce tableau nocturne le pré quelques buissons l’orme les frênes le chat la route où trotte parfois presque tranquille le renard
Pas grand-chose en somme mais tout ce dont pouvait sans doute rêver le pauvre gars dans les tranchées
Quelle chance fut la tienne de n’être pas ce pauvre gars
Ce clair de lune encadré par la fenêtre quel luxe
Cette fenêtre entre toi et le monde quelle chance
(Extrait de mon dernier livre, Poèmes du bois de chauffage, section La Lune du matin et autres récits de l'homme invisible, éditions Germes de barbarie.) Pour Oyonnax et sa région, livre disponible à la librairie maison de presse Mille Feuilles, rue Anatole France.
Photo : Depuis ma fenêtre (photo CC-E)
00:43 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèmes du bois de chauffage, la lune du matin, et autres récits de l'homme invisible, christian cottet-emard, éditions germes de barbarie, littérature, récits, poèmes, 11 novembre, évocation, tranchées, guerre de 14-18, grande guerre, première guerre mondiale, librairie maison de presse mille feuilles, oyonnax, ain, rhône-alpes auvergne, france, europe, blog littéraire de christian cottet-emard
09 novembre 2018
Velocita, parfumeur
Quand je me perds, je m’égare vraiment pour de bon. Je ne suis pas de ces mirliflores qui racontent partout qu’ils n’ont aucun sens de l’orientation mais qui, en réalité, se débrouillent toujours pour retrouver leur chemin au bout d’une heure ou deux.
Après la fête foraine où j’ai mangé des frites avec de la mayonnaise, j’ai tourniqué dans de petites rues tortueuses et puantes qui m’ont baladé tant qu’elles l’ont voulu avant de m’expédier à l’entrée d’une place déserte avec statue équestre. Sous la statue, on pouvait prendre le métro. J’ai dévalé les marches qui descendaient vers les distributeurs automatiques de tickets et je me suis fait happer par une colonne compacte d’usagers qui s’est engouffrée dans les rames. Je me suis calé à la diable dans le sillage de corps crispés ou avachis, tous résignés à l’incessante promiscuité des villes. Chaque station expulsait ou absorbait un peu plus de ces foules canalisées dont le flux et le reflux dans les galeries semblaient rythmer les échanges circulatoires et respiratoires d’un organisme fiévreux, malsain, tendu en un perpétuel effort.
Non loin de la station Vapeur-Marquise qui dessert la gare depuis un pont aérien, j’ai entrevu avec stupeur un visage connu, noyé dans la confusion des passants, le visage de la femme aux cheveux couleur de belladone.
Je me suis extrait comme j’ai pu du métro, j’ai grimpé quatre à quatre les marches d’un escalier de métal, j’ai couru sur une passerelle rouillée, j’ai traversé des rails, j’ai sauté d’un quai à l’autre, j’ai bousculé un groupe de voyageurs en attente — elle était là, derrière eux... Encore quelques mètres... — et je me suis arrêté dans un grand vent moite qui plombait le ciel de nuages si sombres que les lampadaires de l’éclairage public se sont allumés comme à la nuit tombante.
Elle était là, la femme au cheveux couleur de belladone, figée dans un sourire de papier sous lequel on pouvait lire :
VELOCITA, PARFUMEUR.
(Extrait de mon livre Le Grand variable, éditions Editinter, 2001, épuisé. On me dit que je devrais le faire rééditer puisque j'ai retrouvé mes droits sur cet ouvrage mais j'hésite. De toute façon, on en trouve des exemplaires sur le marché de l'occasion (internet) et dans certaines bibliothèques, à la médiathèque municipale d'Oyonnax par exemple, pour les personnes de ma région qui me demandent où en prendre connaissance.)
Illustration (pour cette page en ligne uniquement) : peinture sur porte de garage à Barcelone (photo CC-E)
07 novembre 2018
Carnet / Dernière page de mon carnet vert. Je commence le rouge et jaune, tout neuf !
En train de lire Portnoy et son complexe de Philip Roth. Je m’inflige ce pensum parce que je me demande pourquoi ce livre me tombe des mains alors que des millions de gens y comprennent quelque chose. Il est vrai que la lecture de Philip Roth m’est recommandée depuis des décennies par des personnes qui ont toujours le même profil vaguement intello urbain de gauche branchouille et de sexe féminin, sans parler de la presse littéraire.
Qu’est-ce qui ne va pas chez moi pour que je peine ainsi à terminer la lecture d’un roman qui s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires dans le monde ? J’en suis à la page 197 de l’édition Folio qui en compte 373 et je fournis un effort considérable pour que le marché du poche d’occasion ne s’enrichisse pas de mon exemplaire avant la fin de ma lecture. C’est grave, docteur ?
01:13 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard, lecture, portnoy et son complexe, philip roth, folio